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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/236

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gation à vapeur, on a pu voir, en rade de Camaret, de trois cents à cinq cents bateaux de commerce ! Alors, il y avait un trafic considérable, tout le monde riche, tout le monde gagnant sa vie !… Maintenant !…

— La misère ! interrompit Lagadec. — Vaut mieux pas sortir que de jeter à l’eau soixante-dix francs de rogue, pour revenir avec cent, deux cents ou même mille sardines, vingt à trente francs à peine !… Hein ! Qu’en dites-vous, tante Périnaïg !…

La marchande secoua la tête :

— C’est pas nouveau, mon fi !… Y a des temps de pêche et des temps sans pêche, c’est connu depuis que le monde est monde !… Quand il y a trop, vous criez aussi, encore plus fort, parce que les usines sont pleines. C’est le pêcheur qui n’est pas raisonnable et qui veut trop gagner. Voilà !…

— Eh bien ! et les usines, ça gagne donc pas, hé ?…

— Pas toujours ! ricana la veuve, indiquant un grand bâtiment désert, qui fait l’angle du quai et de la route du Toulinguet, une ancienne friture tombée en faillite et ne trouvant acquéreur à aucun prix.

— Baste ! il y en a d’autres !… Pour une…

— Elles ont parfois des cent mille, des quatre cent mille boîtes pas vendues, et des frais qui courent toujours, qu’on pêche ou qu’on ne pêche pas !…