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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/237

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La discussion s’échauffait entre la Périnaïg désireuse de vendre sa rogue et les pêcheurs méfiants.

— Ça nous regarde pas, nous ! disait Tréboul.

— Les usiniers peut-être !… Pas la peine de crier comme un blaireau !

— Et manger ?… Si on gagne même pas son pain !… Encore, si c’était comme en Sicile, où maître Guivarcʼh nous racontait qu’on pêchait par millions, sans appât d’aucune sorte, rien que la peine de jeter ses filets !

— S’il n’y a pas assez, vous réclamez ; s’il y a trop, vous réclamez encore : pas moyen de s’entendre ! J’ai ouï dire que ça avait été de tout temps ainsi. Il y a cinquante ans, il y a cent ans et plus à ce que m’a affirmé un patron d’usine, on se plaignait déjà des Espagnols !… Tenez, voilà Tonton Corentin, un homme raisonnable et de bon conseil, demandez-lui plutôt ?…

Le patron du canot de sauvetage passait sur le quai ; mais, au lieu de se diriger vers le groupe, continua son chemin, un sourire aux yeux, faisant de loin un petit salut de la tête.

— Tiens ! tiens ! remarqua Marhadour, il s’est fait fameusement beau, aujourd’hui ; c’est pourtant pas fête que je crois ?

Il avait, en effet, ses vêtements du dimanche, un paletot court de drap bleu, à tournure de vêtement de matelot, son béret neuf et un pantalon sans pièces.