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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/249

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Du bureau du commissaire, près de la route de Quelern, jusqu’à l’extrémité du Styvel, presque toutes les boutiques flamboyaient, vitres illuminées, vomissant, par les portes battantes, des groupes de pêcheurs, dans des vapeurs roussâtres qui projetaient des ombres dansantes le long du Notic. Une incessante clameur montait des débits, des cafés, roulant dehors des appels, des vociférations, des lambeaux de phrases, d’airs entonnés à pleins gosiers.

Ils étaient bien là quatre à cinq mille, presque tous de Douarnenez, noyant de leur flot grossissant les Camaretois, et les quelques pêcheurs de Plougastel, les mandarins comme on dit, qui n’avaient pas osé repasser le Goulet pour se réfugier à Brest, renonçant à affronter les périls de la sinistre roche Mengant, à cette heure battue de lames colossales.

Dès la seconde moitié de la journée, en pleine pêche, cela avait commencé à menacer, débutant par de courtes risées sur l’étendue, jusque-là fort calme, de l’Atlantique. La sardine donnant, le temps étant superbe, toutes les flottilles s’étaient risquées assez avant ; de la pointe du Raz à la pointe Saint-Mathieu, aussi loin qu’on pouvait voir en long et large, les voiles brunes, rouges ou blanches, mouchetaient à l’infini le tranquille miroir d’un bleu profond qui reflétait le ciel.

Tout à coup, au moment où, sa barque pleine