Aller au contenu

Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour recommencer au premier gain qu’ils font.

— Une nuit d’enfer que nous allons passer là ! grommela maître Guivarcʼh appuyé à la guérite du douanier, avec lequel il causait ainsi que Balanec et Marhadour.

— Toujours comme ça, capitaine, quand les voleurs de patates descendent ici ! riposta Balanec.

Marhadour philosopha :

— Bah ! ça fait aller le commerce. Ils m’ont vidé ma boutique ; il ne me reste pas seulement un os !

— Oh ! toi, pourvu que ta viande soit vendue !…

— Ma Doué ! quand on paie, il n’y a rien à dire, pas vrai ? Que les autres fassent comme moi.

— Ça me saigne le cœur de les voir par chez nous comme chez eux ! appuya le mareyeur. Aussi, je rentre, histoire de n’en pas fourrer quelques-uns dans le quai. Misère !… Bonsoir, vous autres !

— Si encore ceux de Camaret ne s’en mêlaient pas ! fit le boucher, cessant de rire. Mais il y a ce diable de Revenant, on le croirait enragé, tonnerre de Brest !

Maître Pierre ne répondit pas et baissa la tête.

C’était justement son gros chagrin, de voir la manière dont avait peu à peu tourné son neveu, ce fils de son tant regretté frère, et au sujet duquel, à la suite de son miraculeux retour, il avait fondé de telles espérances. Jamais, jusqu’à ce moment, il