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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/286

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Le commissaire plus vif alla au-devant de lui :

— Garrec, j’ai quelque chose à vous annoncer.

— À moi, monsieur le commissaire ! dit-il, étonné, sans lâcher ses poissons, mais s’arrêtant court.

Son interlocuteur agitait le télégramme :

— Je vais vous lire ceci, voulez-vous !

— Si ça peut vous être agréable !…

Il riait, ne voyant pas quel rapport pouvait exister entre lui et ce petit papier venant d’où il ne savait, n’ayant personne qui pût correspondre avec lui.

Le commissaire lut :

— Jean-Vincent-Corentin Garrec, patron du canot de sauvetage de Camaret…

Il s’interrompit pour interroger gaiement :

— Est-ce bien vous ?

— Dame !… Je pense qu’il n’y en a pas d’autre ?… Demandez plutôt ?…

Le lecteur continuait, articulant tous les mots :

— Est nommé chevalier de la Légion d’honneur !…

— Hein ?… moi !…

Il recula d’un pas, les doigts toujours immobilisés par ses poissons, presque pâle sous sa couche de hâle, pendant que ses amis, l’entourant, approuvaient :

— Oui, toi, décoré !…

— Rudement mérité, va !…