Aller au contenu

Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les impatiences s’avivèrent jusqu’à ce que l’enfant fût à portée de voix du groupe ; il cria, en effet, de loin :

— V’là Tonton Corentin ?

Bientôt une barque se découpa, dépassant de ses mâts la maçonnerie de la jetée, glissa au ras du phare et arriva, coupant en biais, ses voiles s’abattant l’une après l’autre d’un gracieux mouvement de grand oiseau fatigué, reployant ses ailes contre ses flancs.

Lentement, elle exécuta la manœuvre qui lui fit ranger la cale, et ce ne fut qu’au bout d’un moment que Garrec, en posant le pied sur les dalles empoissées d’eau de mer, s’occupa de ceux qui l’attendaient.

— Bonjour ! fit-il. Pas fameux, la pêche aujourd’hui.

— Baste ! il y a des dédommagements ! marmonna Marhadour.

Un coup de coude dans les côtes arrêta le bavard.

Trempé d’embruns, les sabots claquant lourdement à chaque pas, Corentin montait la pente de la cale, chacun de ses doigts enfilé dans les ouïes de quelque poisson, mylord aux écailles d’or, demoiselle à l’armure d’argent, vieille à l’étrange mâchoire bleue, aux splendides couleurs, d’autres encore. Il levait vers ses amis une physionomie résignée et souriante, tandis que ceux-ci s’efforçaient de conserver un air indifférent.