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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/299

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la cravate noire du voyage, et ses gros doigts n’osaient toucher cette cravate blanche toute neuve, de peur de la froisser, de la salir.

Il n’avait pas terminé, lui d’habitude si prompt à s’habiller, quand on poussa sa porte ; c’étaient ses témoins, Balanec et Marhadour, dans leurs reluisants vêtements de fête, qui leur donnaient un air tout gêné, une tournure raide et empêtrée.

Au moment où il parut sur le quai, devant sa porte, deux coups de fusils claquèrent à quelques pas ; les douaniers célébraient ainsi le mariage à leur manière, et, toute la journée, il allait en être de même, à tous les bouts de rues débouchant sur le port, dans ce besoin de tapage, de bruit, qui caractérise les joies des êtres simples, un peu primitifs, fantasias d’arabes ou pistoletades de noces de village.

La veille, une quantité de carrioles, de chars à bancs, de cabriolets plus ou moins bizarres et sonnant la ferraille, avaient amené les principaux invités, des parents éloignés, des amis. Il en était venu de tous les environs, de Crozon, du Fret, de Morgat, de Brest, même de Douarnenez et d’Audierne, de la famille des Guivarcʼh : aussi le cortège qui sortit, sur les neuf heures, de la maison de la mariée, était-il tout à fait imposant.

Dérogeant à la nouvelle mode, qui consiste maintenant pour les Camaretois, à faire venir des musiciens de la ville, Corentin et Mariannik, restés