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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/307

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moins de quatre-vingts ans, la barbe grise en collier ébouriffé, prise en partie sous la cravate montant haut, la lèvre supérieure mal rasée, trois ou quatre dents dans la bouche, la chevelure longue, inculte, des anciens Bretons, s’échappant d’un crasseux chapeau noir qui semblait aussi âgé que lui, avec sa peau momifiée, coupée de mille rides en tous sens, semblable à une antique peinture craquelée, où les yeux gardaient une vivacité inquiète.

Il semblait se débattre sous l’argumentation serrée de la doyenne de Camaret, qui lui parlait d’Hervé Guivarcʼh, ne voulant pas le laisser partir sans un consentement, affirmant que ce serait un fameux gendre pour lui, et que sa fille ne demandait pas mieux.

Lui, baissait la tête, examinait ses sabots, ses bas de laine, s’entêtant dans un refus, où l’on sentait percer son avarice phénoménale, la crainte de la dot à donner.

Les autres s’étaient rapprochés, venant se mêler à la conversation, et Marhadour interpella le paysan :

— Eh bien ! Tonton Yan, à quand la noce ?

Un rire plissa toute la peau rissolée du visage de celui-ci, quand il répondit :

— C’est-y la mienne que vous voulez dire !

Ah ! le rusé gredin ! Impossible d’en tirer quelque chose. C’était bien l’homme étrange qui là-bas dans