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à l’ouest, et le bec du Grand-Gouin, la dernière pointe avant celle du Toulinguet, que Camaret adosse à la montagne ses maisons avec leurs façades orientées à l’est-nord-est. Au-dessus, dominant les toits, des champs de blé, des moulins à vent, des tapis inclinés de bruyères roses, d’ajoncs d’or, de landes vertes, qui montent, pour finir en solitudes sablonneuses, en blocs de granit battus par les éternelles tempêtes, à mesure que le terrain se rapproche des géants escarpements à pic qui reçoivent le choc de l’Atlantique.

Qui n’a pas entendu, par un jour de tempête, le long hurlement du vent sur cette côte, la rage des lames, le sanglot monstrueux de l’Océan, ne sait rien des forces de la nature, ne connaît rien de la gigantesque et brutale beauté de la Bretagne, de cette fin de monde ouverte sur de béants abîmes !

Avec la pointe du Raz et la baie des Trépassés, mais les dépassant peut-être en grandiose, il n’y a pas en France de côtes plus merveilleusement sauvages, plus déchiquetées, plus impressionnantes, que celles qui forment l’extrémité de la presqu’île de Crozon, figurant sur la carte comme la patte palmée de quelque fabuleux oiseau de mers antédiluviennes.

Ainsi que des monstres de granit, elle projette, dans l’Atlantique, le cap de la Chèvre, fermant la baie de Douarnenez au nord, comme les becs du Raz et du Van la ferment au sud ; la pointe de