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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/32

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Pen-Tir, qu’on devrait appeler Pen-hir, plus connue sous le nom de pointe des Pois ; la pointe de Pen-hat ou du Toulinguet, position fortifiée, faisant face à la pointe Saint-Mathieu et commandant le Goulet, la rade de Brest.

Tout semble s’être réuni là pour séduire et effrayer, pour étonner, pour frapper l’imagination, pour jeter l’esprit aux vertiges de l’immensité et du mystère, pour faire comprendre ce que c’est que la fin d’un monde, le Finistère (Finis Terræ) du monde ancien.

Les plages de galets succèdent aux plages de sable fin, les petites anses étroites, intimes, aux lieues de grève, les sables rouges aux sable sblancs, les falaises de marne aux falaises granitiques, les dunes aux terrains plutoniens, aux roches escarpées surplombant la mer de quatre-vingts ou cent mètres, les pentes vertes et douces aux aiguilles de rocs noirs : c’est le Chaos, c’est l’Infini, c’est la Poésie embaumée, c’est le Rêve, c’est la Légende, c’est la hurlante Épouvante !

De-ci, de-là, sonnait quelque syllabe rocailleuse, dénonçant une remarque, une comparaison, l’émoi d’un moment mis dans la bouche et dans le cœur de quelque pêcheur philosophant naïvement sous le coup de cette tourmente s’abattant dans ce petit coin âpre de la rude Bretagne.

— Il pleûra pas aussi vrai qu’il vente grand largue ! affirma un pécheur, la joue gonflée par sa