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— Il y en a au moins cent ! compta de l’œil Lagadec, affairé autour de la pêche.

— Ça ne vaut pas les coups de six à huit cents, ou même de deux mille, qu’on fait en hiver ! répondit le mareyeur.

— Baste ! affirma Marhadour, ça trouvera toujours son prix sur le marché de Brest : vingt francs la douzaine, les gros !

— C’est tout des beaux ! remarqua Tréboul.

Garrec, pendant que les autres ramassaient le poisson pour le compter et le mettra par tas, enlevait le morceau de bois qui s’était pris dans son filet et le jetait à quelques pas de lui, sur le sable.

C’était une sorte de planche épaisse, déjà à demi couverte d’une quantité fourmillante de ces étranges cirrhipèdes, crustacés à corps de sangsues, à tête de coquillages, qu’on appelle anatifes (porte-canard), parce que jusqu’à la fin du dix-septième siècle on a cru qu’ils se transformaient en canards sauvages, et, à Camaret, macres ou pouce-pied, à cause de leur forme : ils se collent aux navires, à tout ce qu’ils rencontrent, et finissent par grandir quelquefois d’un mètre, grouillant en monstrueuse chevelure de Méduse.

— Une épave ! constata d’un air indifférent Marhadour, bousculant du pied le débris.

Lagadec s’était retourné ; il se baissa pour regarder, eut un tressaillement brusque :