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— Ma Doué ! ça vient de la Marie-Anne, qu’on dirait ?

Corentin redressa la planche, demandant :

— Qu’en sais-tu ? Un morceau de bordage, ça ne dit rien ! Il y a peut-être des temps et des temps que ça court les mers !…

— Non, fit Balanec. Tu n’as qu’à voir les pouce-pied, ils sont jeunes, pas plus d’un mois !

Le patron du canot de sauvetage poussa un cri :

— Oh ! diable ! qu’est-ce que cela ?

Ses doigts venaient de sentir dans le bois des creux réguliers ; il arracha les macres à coups de couteau et trouva, encore visible, ce chiffre qu’il déchiffra tout haut :

— 888 !

C’était bien la Marie-Anne.

Ils en restaient tous là, saisis, une pâleur à la face, un tremblement aux mains, dans la surprise de la chose redoutée.

— Pauvre gars, tout de même ! soupira Balanec.

Tonton Corentin baissait la tête, assombri, songeant :

— À cause de Mariannik !…

Il se représentait, flottant quelque part, sous les eaux profondes, le cadavre qui, peut-être un jour, reviendrait sur cette grève et qu’il ramasserait dans ses filets.

— Jean-Marie-Hervé !… Ho ! ho !… mon petit frère ! gémit une voix dans les dunes.