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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/321

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des récifs de corail, ou ici, dans les écueils noirs de la sombre mer armoricaine ! C’est toujours sur cette petite tombe d’enfant qu’Yvonne vient apporter ses bruyères, ses ajoncs et ses églantines.

Sans reconnaître son frère dans ce douloureux et inquiet Revenant, elle aura été comme une bonne fée veillant sur lui, le calmant, apaisant cette âme troublée, ce cœur en révolte : mort ou vivant, la petite fleur embaumée des landes natales sera venue l’envelopper de sa frêle caresse, de son léger et doux parfum.

Elle est restée la fleurette sauvage que balaie la rafale furieuse de l’Atlantique, sans trêve ni repos. Chaque fois qu’il y a tempête au large, chaque fois que les grandes lames se brisent contre les murailles de granit du Toulinguet et de Pen-tir, c’est elle que l’on voit errer dans les dunes de Pen-hat, le long de la grève battue par l’Océan : elle égrène ses chansons, ses légendes et ses plaintes, attendant toujours le cadavre roulé des flots du petit Jean-Marie-Hervé, son frère.

C’est l’âme poétique, l’âme mélancolique et mourante de la vieille Bretagne, qui s’en va, qui s’en va toujours !…


FIN



ÉMILE COLIN, IMPRIMERIE DE LAGNY (S.-ET-M.)