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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/67

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— Bozannec !… Le Goff !… Provost !…

Il semblait s’orienter, creuser des souvenirs, reprenant :

— Lehir, boucher !… Ah ! ah ! Jego, boulanger !… Tiens, Meilard, voilier !… Tous, tous !…

D’autres mots étaient mâchonnés entre ses dents serrées.

De loin des enfants le regardaient, le suivaient, attirés par ses allures, leur curiosité flambant, sous les cils blonds, dans les grands yeux éveillés, les yeux couleur de mer des Bretons de l’Océan. Une jacasserie criarde montait de cette marmaille, avec un tel entre-choquement des syllabes dures, qu’on eût dit les croassements précipités d’un vol de corbeaux.

Arrivé à la rue principale qui débouche sur le quai, entre la boutique du voilier et celle du marchand de tabac, en face même du fortin de Vauban, il s’y engagea sans hésiter, le remonta lentement, dépassa la Mairie, traversa la place abritée de grands arbres, atteignit l’église, à l’entrée même du bourg, et gravissant d’un pied nerveux, élastique, la route qui monte fortement, arriva, à mi-côte, au cimetière, dont il poussa la porte.

Une sorte d’hésitation soudaine sembla lui clouer les pieds dans le gravier fin qui formait une petite allée centrale au milieu des tombes semées régulièrement des deux côtés.

Machinalement il avait enlevé son béret, et sa