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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/68

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main droite s’était levée à demi comme pour aller toucher son front, esquissant le premier geste d’un signe de croix ; puis elle retomba et une amère crispation plissa ses traits. Il examina d’un coup d’œil investigateur l’ensemble des croix, des monuments, croix de bois peintes en noir, ou en blanc, dalles de granit, plaques de marbre, simples tertres couverts de gazon, de fleurs.

Le cimetière de Camaret se dresse le long de la route qui sort du bourg pour aller à Crozon, avec embranchement vers le Fret. Ses croix, ses tombes, se détachent sur la mer et dominent le petit port, dont les barques s’aperçoivent de là, toutes minuscules et charmantes, sous la protection de la pittoresque jetée, avec sa chapelle, son fortin et son phare.

La vue est merveilleuse.

Ce jour-là, la mer blanche d’écume, le ciel noir, l’eau sombre, le jour baissant de plus en plus, tout prenait un aspect désolé, funèbre.

Le visiteur parut en subir l’impression ; il réprima un court frisson, en apercevant les vagues qui avaient failli si récemment l’engloutir, l’Océan qui lui aurait servi de tombe. Il avança à petits pas, lisant autour de lui les inscriptions ; brusquement il s’arrêta, tout le sang porté au cœur ; des croix noires entourées de couronnes, de souvenirs pieux, étaient devant lui, il lisait :