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Il est des jours, des lieux, où de subites flammes
D’une sainte auréole illuminent nos âmes ;
Souvenir incomplet, frémissement divin,
Des premiers jours du monde écho vague et lointain.


Cette grâce de Dieu, ce sentiment céleste,
J’ai bien souvent rêvé sur ce qui nous l’atteste :
Tantôt, c’est le soupir qui du cœur satisfait
S’exhale, à voir le bien de l’aumône qu’on fait.
C’est la vierge au front blanc, sur sa harpe penchée,
À ses accords divins tenant l’âme attachée ;
Pure, belle, paisible, et recevant des cieux
Le charme de sa voix, le regard de ses yeux.
C’est, le matin, le soir, la longue rêverie
Sur Dieu, sur nos enfans, nos fleurs, notre patrie.
Du voyageur lassé, c’est le penser soudain
Qui le saisit au pied de la Croix du chemin.
C’est, aux saints jours, le chant des antiques louanges ;
Le sommeil d’un enfant que regardent les Anges ;
L’orgue, de sons plaintifs emplissant le saint lieu ;
Le front du laboureur incliné devant Dieu.
Mais, surtout, c’est, à l’âge où le péché s’avance
Pour saisir et souiller la robe de l’enfance,