Page:Guttinguer - Mélanges poétiques, 1832.djvu/73

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D’une âme tout amour par l’amour offensée.
Arthur frémit, s’indigne et maudit sa rigueur :
« O discours trop amers ! Prends pitié de ce cœur ! »
Et saisissant des mains que l’amour abandonne,
Il les couvre de pleurs et de baisers : « Pardonne,
» Pardonne des transports que je réprimerai :
» Emma, ne pleure pas ; à ce soir ; je viendrai. »

Il est parti. Tremblante, et quelque temps confuse,
Emma rêve à son tour, en soupirant s’accuse,
Interroge son cœur. Tant d’amour la confond ;
Elle songe en silence à l’ascendant profond
Que sa tendresse a pris sur cette âme sévère ;
Mais distraite bientôt, et riante et légère,
Elle court à ses fleurs, contemple les atours
Qui doivent sur ses pas entraîner les amours :
Tout est simple, charmant, et la foule autour d’elle,
Ce soir, devant Arthur, s’écriera : Qu’elle est belle !
Cependant la nuit vient. De feux étincelans
Brille le vaste hôtel où des chars élegans