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PRÉFACE.

battre lorsqu’elle tend à accumuler des causes destructives de la race même. L’éducation devient ainsi la recherche des moyens d’élever le plus grand nombre possible d’individus en pleine santé, doués de facultés physiques ou morales aussi développées que possible, capables par cela même de contribuer au progrès de l’humanité.

En conséquence, le système entier de l’éducation devrait être orienté vers le maintien et le progrès de la race. C’est par l’éducation que les religions agissaient autrefois et conservaient soit le peuple élu, soit le patrimoine national ; c’est aussi en ce sens qu’il faut agir aujourd’hui. À notre avis, on a trop considéré jusqu’à présent l’éducation comme l’art d’élever un individu isolé, pris à part de sa famille et de sa race. On cherche à obtenir de cet individu le plus grand rendement ; mais c’est un peu comme si un cultivateur s’efforçait de faire donner à un champ la plus luxuriante récolte possible pendant l’espace d’une ou deux années sans lui restituer rien de ce qu’il lui prend : le champ serait ensuite épuisé. C’est ce qui arrive pour les races qu’on surmène, avec cette différence que la terre d’un champ subsiste toujours, reprend à la longue sa fécondité par le repos et la jachère, tandis que la race surmenée peut s’affaiblir et disparaître pour toujours. Les études récentes sur l’hérédité (Dr Jacoby, de Candolle, Ribot), les statistiques sur les professions, sur les habitants des grandes villes, etc., ont montré d’une manière frappante que certains milieux, certaines professions ou situations