Ils prirent à témoin de leur joie éphémère
Un ciel toujours voilé qui change à tout moment.
Et des astres sans nom, que leur propre lumière
Dévore incessamment.
Tout mourait autour d’eux, l’oiseau dans le feuillage,
La fleur entre leurs mains, l’insecte sous leurs pieds,
La source desséchée où vacillait l’image
De leurs traits oubliés ;
Et sur tous ces débris joignant leurs mains d’argile.
Etourdis des éclairs d’un instant de plaisir.
Ils croyaient échapper à cet être immobile
Qui regarde mourir[1].
Moins amer que Vigny, mais moins fort aussi, Musset ne se révolte pas, il plie ; il ne méprise pas, il oublie ; ou du moins il essaie d’oublier, et, n’y pouvant parvenir, sa religion, ga philosophie est celle de l’espérance.
L’oubli, ce vieux remède à l’humaine misère,
Semble avec la rosée être tombé des cieux.
Se souvenir, hélas ! — oublier, — c’est sur terre
Ce qui. selon les jours, nous fait jeunes ou vieux[2]
… En traversant l’immortelle nature,
L’homme n’a su trouver de science qui dure,
Que de marcher toujours, et toujours oublier[3].
.................
Éveillons au hasard les échos de ta vie,
Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie.
Et que ce soit un rêve et le premier venu ;
Inventons quelque part des lieux où l’on oublie[4].
L’oubli, s’il était possible toujours, lui semblerait le vrai remède à tous les maux :
À défaut du pardon, laisse venir l’oubli[5]).
On pourrait dire de Musset que c’est un enfant, un grand enfant ayant du génie. N’a-t-il pas de l’enfant l’humeur chan-