d’affirmation plus encore que de pain. « Mais la foi n’en reste pas moins toujours au second rang, après l’amour, après la volonté aimante. Aimer, c’est vouloir, et vouloir est l’essentiel : « Croire n’est que la deuxième puissance ; vouloir est la première. Les montagnes proverbiales que la foi transporte ne sont rien à côté de ce que fait la volonté[1]). »
Ô possibles qui sont pour nous les impossibles[2]
Je forcerai bien Dieu d’éclore
À force de joie et d’amour !
« L’âme qui aime et qui souffre est à l’état sublime[3]. »
Aimer, voilà le vrai lien des êtres, voilà ce qui change le monde en une société infinie :
Nul être, âme ou soleil, ne sera solitaire.
Aimer, « voilà la seule chose qui puisse occuper et remplir l’éternité[4]. » La prière, c’est l’élan de l’amour et en même temps de la pensée vers un mystère qui est conçu comme le mystère même du bien final : « Être impuissant, c’est une force. En présence de nos deux grandes cécités, la destinée et la nature, c’est dans son impuissance que l’homme a trouvé le point d’appui, la prière… La prière, énorme force propre à l’àme, est de même espèce que le mystère[5]. »
Dans une de ses visions, Hugo personnifie l’ange de la prière :
C’était un front de vierge avec des mains d’enfant ;
Il ressemblait au lis que la blancheur défend ;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l’abime où va toute poussière,
Si profond, que jamais un écho n’y répond ;
Et me dit : « Si tu veux, je bâtirai le pont. »
Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.
« Quel est ton nom ? » lui dis-je. Il me dit : « La prière[6]. »