Aller au contenu

Page:Guyau - L’Art au point de vue sociologique.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
280
l’art au point de vue sociologique.

Mais quels qu’ils soient, voici la chose. Les rideaux
Sont tirés ...............
.................
Et c’est ça que le prêtre a béni ! Ça, qu’on nomme
Un saint mystère ! Et c’est de ça que sort un homme !
Et vous voulez me voir à genoux devant ça !
Des père et mère, ça ! C’est ça que l’on révère !
Allons donc ! On est fils du hasard qui lança
Un spermatozoïde aveugle dans l’ovaire.


Telles sont les révélations scientifiques de ce nouveau Lucrèce sur la paternité du « Hasard » et sur le mépris qu’un fils doit à ses parents. Les apologistes des religions ont naturellement tiré parti de ces doctes théories : « La jouissance, dit M. Edmond Clay, si elle n’est sanctifiée par la sagesse, est en effet chose vile ; et, si les parents n’avaient d’autre titre que celui-là au respect de leurs enfants, c’est au mépris de leurs enfants qu’ils auraient logiquement droit. » — Mais, répondrons-nous, les autres titres au respect et à l’affection ne manquent pas, sans qu’on ait besoin de les demander à « la sagesse » ; il n’y a rien de méprisable dans l’amour même qui unit deux êtres, et qui a en vue de perpétuer dans un autre être toutes les qualités supérieures de la race humaine. En vérité, M. Richepin a trouvé moyen de calomnier le matérialisme et l’athéisme ; les prétendues conclusions qu’il tire de ces systèmes sont aussi burlesques au point de vue de la science qu’elles sont odieuses au point de vue moral et social.

On devine maintenant de quelle façon le « Père » céleste sera traité par le « fils du Hasard. » Quoique M. Richepin se vante ici de prophétiser et de détruire d’avance même les dieux futurs, on peut dire de lui ce qu’il a dit lui-même d’un autre poète : il est


Un écho qui croit être uu prophète.


Il n’en est pas moins intéressant de retrouver dans ses vers des formules matérialistes qu’il croit neuves et qui sont bien vieilles. Pour lui, c’est le hasard qui est le véritable auteur du monde ; du hasard naissent des combinaisons plus ou moins passagères, qui sont des habitudes ; ces habitudes, nous les prenons pour des lois ; mais il n’y a point