de lois véritables, et, de même qu’il n’y a point de fins ou de buts, il n’y a point de causes :
Nature, tu n’es rien qu’un mélange sans art :
Car celui qui te crée a pour nom le hasard.
Lui seul se trouve au fond de l’être et de la chose.
Ses caprices n’ont point de but et point de cause.
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Que m’importent ton ordre apparent et tes lois,
Ces lois que l’on croyait divines autrefois,
Et qui sont simplement une habitude prise ?
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Les causes et les lois te tiennent prisonnier,
Les causes et les lois, c’est ce qu’il faut nier,
Si tu ne veux pas croire en Dieu,…
Descends au fond de la négation. Cherche, ose
Formuler ta pensée et prendre le hasard
Pour unique raison de ce monde sans art [1].
M. Richepin s’est ici borné à traduire en vers un livre qu’il a lu, sans doute, ou parcouru quand il était à l’École normale, — l’étude de Taine sur le Positivisme anglais et sur Stuart Mill. « En menant l’idée de Stuart Mill jusqu’au bout, dit Taine, on arriverait certainement à considérer le monde comme un simple monceau de faits. Nulle nécessité intérieure ne produirait leur liaison, ni leur existence. Ils seraient de pures données, c’est-à-dire des accidents. Quelquefois, comme dans notre système, ils se trouveraient assemblés de façon à amener des retours réguliers ; quelquefois ils seraient assemblés de manière à n’en pas amener du tout. Le hasard, comme chez Démocrite, serait au cœur des choses. Les lois en dériveraient, et n’en dériveraient que çà et là. Il en serait des êtres comme des nombres, comme des fractions par exemple, qui, selon le hasard de deux facteurs primitifs, tantôt s’étalent, tantôt ne s’étalent pas en périodes régulières [2]. » Les formules de Taine sont bien supérieures à celles de M. Richepin. Il y a toutefois erreur, — disons-le en passant, — à croire que Démocrite admettait le hasard. C’est