frappants de ce genre de figures, tirées de l’invisible même, se rencontrent dans Shelley, qui souvent décrit les objets extérieurs en les comparant aux fantômes de sa pensée, et qui remplace les paysages réels par les perspectives de l’horizon intérieur. C’est ainsi qu’il nous parle des voiles repliées du bateau endormi sur le courant et « semblables aux pensées repliées du rêve ».
Our boat is asleep ou Serchit’s stream.
Its sails are folded like thoughts ia a dream.
Ailleurs il dit à l’alouette : « Dans le flamboiement d’or du
soleil,… tu flottes et tu glisses, comme une joie sans causes
surgissant tout à coup dans l’âme. » Byron parle d’un
courant d’eau qui fuit « avec la rapidité du bonheur. » Chateaubriand
compare la colonne debout dans le désert à une
« grande pensée » qui s’élève encore dans une âme abattue
par le malheur.
Monts sacrés, hauts comme l’exemple !
dit aussi Victor Hugo.
Et ailleurs :
Le mur était solide et droit comme un héros.
Torches, vous jetterez de rouges étincelles,
Qui tourbillonneront comme un esprit troublé.
L’océan devant lui se prolongeait, immense
Comme l’ospoir du juste aux portes du tombeau.
Aristote ne voit guère dans la métaphore qu’une sorte de jeu d’esprit : c’est pour lui un exercice de rintelligence beaucoup plus qu’un moyen de raviver la sensibilité ; il la distingue à peine de l’énigme, qui est une sorte de métaphore pour la pensée. En réalité, une métaphore qui exercerait trop Tintellig’ence pourrait charmer un sophiste antique, mais manquerait absolument son but et affaiblirait nos représentations des objets, au lieu d’en accroître la force.