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THÉORIE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIE KANTIENNE

tanées, tandis que celles du second sont toujours successives. » Mais la conséquence tirée de là, par Kant est inattendue : — « On voit par là, dit-il, que la représentation du temps est une intuition, puisque toutes ses relations peuvent être exprimées par une intuition extérieure. » La conclusion naturelle serait que le temps est une représentation expérimentale, non une intuition pure, puisque toutes ses relations ne peuvent être exprimées « que par une intuition extérieure, » par des images parlant aux sens ou à l’imagination et empruntées à l’espace.

En réalité, pour Kant, le temps est la forme de ce qu’il appelle « le sens interne, » c’est-à-dire de « l’intuition de notre état intérieur. >> Il eût dû en conclure que le temps nous est donné, non indépendamment de l’expérience, mais avec l’expérience et par l’expérience de nous-mêmes, c’est-à-dire de l’ensemble de nos représentations variables accompagnées d’un ensemble de représentations fixes qui constituent notre moi. Le temps est un abstrait de l’expérience interne.

« Que si je pouvais, conclut Kant, avoir l’intuition de moi-même ou d’un autre être indépendamment de cette condition de la sensi-