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FOND ACTIF DE LA NOTION DE TEMPS

Le désir enveloppe en germe l’idée de possibilité, et cette idée de possibilité, en s’opposant à celle de réalité, devient un « antécédent », c’est-à-dire quelque chose d’idéal etd’imaginé qui précède l’apparition vive du réel. Le désir, d’ailleurs, est un mouvement commencé, et le mouvement commencé, c’est le défilé d’images qui se déroule, le défilé de scènes dans l’espace et de positions successives.

Les conditions de la mémoire et de l’idée du temps sont donc :

1o Variété des images ;

2o Association de chacune à un lieu plus ou moins défini ;

3o Association de chacune à quelque intention et action, à quelque fait intérieur plus ou moins émotif et d’une tonalité agréable ou pénible, comme disent les Allemands. Il résulte de tout cela un rangement spontané des images en forme sérielle et temporelle.

C’est le mouvement dans l’espace qui crée le temps dans la conscience humaine. Sans mouvement, point de temps. L’idée de mouvement se ramène à deux choses : force et espace ; l’idée de force se ramène à l’idée d’activité, l’idée d’espace à une exclusion mutuelle des activités, qui fait qu’elles se résistent et se rangent d’une certaine manière. Ce mode de