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CHAPITRE II


LA LIBERTÉ. — LA CONTINGENCE DANS LA NATURE
CONDITION DE LA LIBERTÉ HUMAINE


Sentiment profond chez Epicure et chez Lucrèce du déterminisme de la nature, et recherche d’un principe qui échappe à la nécessité.
I. — Position originale que prend Epicure dans la question de la liberté. Sens de sa doctrine, qui n’a pas été bien comprise jusqu’ici : solidarité de l’homme et du monde ; la spontanéité dans les choses, condition de la liberté dans l’homme. — Première cause du mouvement : le choc. Réforme des idées de Démocrite sur le mouvement ; que tout mouvement n’est pas l’effet d’un choc fatal. Que la nécessité extérieure du choc présuppose la pesanteur, sorte de nécessité intérieure. — Deuxième cause de mouvement : la pesanteur. Que la pesanteur elle-même suppose le mouvement spontané et libre. — Troisième cause de mouvement : la spontanéité ; Epicure prédécesseur de Maine de Biran. Analyse psychologique du mouvement spontané dans Lucrèce ; contraste des mouvements forcés et des mouvements volontaires. L’effort. Contraste entre la rapidité des ordres de la volonté et la résistance des organes. Induction par laquelle Epicure étend aux « germes » de toutes choses ou atomes, la même puissance de mouvement spontané. Vrai sens du pouvoir de décliner par soi-même ou clinamen. Essai d’explication cosmologique par le clinamen. La cause première est, suivant Epicure, la spontanéité. — Première conséquence de la conception épicurienne : infinité des monies. Leur naissance et leur dissolution. — Deuxième conséquence : liberté de l’homme. Que cette liberté n’est pas supérieure et étrangère à la nature, mais qu’elle a en elle son origine et son principe. Textes de Lucrèce, de Cicéron et de Plutarque. Que l’absurdité apparente ou réelle si souvent reprochée à la conception épicurienne du clinamen, existe au fond dans la conception même du libre arbitre. – Objection de Carnéade aux Epicuriens : Carnéade prédécesseur des Écossais.
II. — Que la spontanéité, après avoir contribué à produire le monde, n’en disparaît pas ensuite, selon Epicure, mais y persiste en y apportant un élément de contingence — Distinction du miracle et de la spontanéité. — Que le miracle est en opposition directe avec la nature, tandis qu’on peut concevoir la spontanéité comme allant dans le sens de la nature et la complétant.
III. — Le déterminisme logique combattu à son tour par Epicure. — Des propositions sur l’avenir. — La science de la divination rejetée par Epicure. Objections contre le fatalisme stoïcien. — La responsabilité fondée par Epicure sur la liberté.