Page:Guyau - Vers d’un philosophe, 1881.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




L’ORIGINE DES RELIGIONS



1878.


Quand la première tombe eut entr’ouvert la terre
Comme un germe au printemps entr’ouvre le sillon,
L’homme s’agenouilla, pensif, près de la pierre
Où gisait dans la nuit son ancien compagnon.

« Tu dors, lui disait-il ; pour ton réveil j’apporte
Le blé d’or, les fruits doux, la chair qui réconforte.
Pense à nous en rouvrant dans l’ombre tes grands yeux.
Parfois, quand le couchant rougi se décolore
Et que le soir profond s’abaisse sur les cieux,
J’ai cru te voir glisser dans l’air, vivant encore.