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L’ORIGINE DES RELIGIONS.

Ta voix sourde a passé, mêlée au vent des nuits.
Toi qui hantes mon cœur, m’obsèdes et me fuis,
Je t’invoque. J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid, je plie
Au poids de la misère : étends vers moi la main ;
Il faut que la mort vienne au secours de la vie ;
Retourne-toi vers moi comme un ami lointain !
Sois mon dieu maintenant, ô toi qui fus mon frère ;
Du fond de ton sommeil, ouvre aux vivants tes bras ! »

Ainsi sur un tombeau, comme un chant funéraire,
Comme un appel, monta la première prière. —
Mais le tombeau muet ne lui répondit pas.