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Page:Guyon - Histoire d’un annexé (souvenirs de 1870-1871).djvu/11

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HISTOIRE D’UN ANNEXÉ



I

Si vous désirez savoir mon nom, je m’appelle Christian Pleffel. Mon père, médecin à Daspich, petit village des bords de la Moselle, près de Thionville, était mort dans une épidémie, me laissant seul avec ma bonne mère, qui n’eut plus qu’une pensée, me faire le remplaçant de mon père dans le pays, car il disait toujours, en m’enlevant dans ses bras :

« Tu seras médecin, mon petit Christian. »

J’étais, en 1870, étudiant à Nancy et j’allais passer les examens du doctorat, quand toutes les études furent interrompues par la guerre.

J’avais, dès les premiers jours, demandé un emploi d’aide-major dans une arme quelconque, mais les communications coupées subitement, m’avaient empêché de recevoir des ordres, et beaucoup d’hommes, valides et résolus, attendaient sans savoir que faire ni où aller.

Pour moi, je résolus, dès le jour même de l’entrée des Prussiens à Nancy, de chercher à pénétrer dans Metz, espérant que les Allemands n’avaient pas osé s’approcher de cette forteresse si formidable, et attiré d’ailleurs de ce côté par le voisinage de mon pays.