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Page:Guyon - Histoire d’un annexé (souvenirs de 1870-1871).djvu/25

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Ce qui m’avait frappé dans cette foule d’officiers, c’était la simplicité de l’uniforme. C’est, je crois, une mesure prise pour que, dans une bataille, il soit plus difficile de les reconnaître. Une écharpe, un gland d’argent, des vêtements plus fins, voilà ce qui les distinguait des soldats. Mais en temps de paix, une fois la crainte des balles bannie, on reprend ses hochets et ses galons brillants.

Ainsi je songeais, en cherchant un hôtel où je pusse réparer mes forces, car il était midi et depuis six heures du matin, j’avais marché sans prendre de nourriture.

Au détour d’une rue, je rencontrai quelques prisonniers français, qui se traînaient pâles et fatigués, conduits par des uhlans ! Je ne puis exprimer l’émotion qui me saisit en voyant mes malheureux compatriotes.

Je restais là, muet, immobile, serrant les poings, lorsqu’un jeune sergent-major s’échappa des rangs et vint se jeter à mon cou, en criant :