Page:Guyon - Histoire d’un annexé (souvenirs de 1870-1871).djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parfaitement le chemin que j’avais suivi la veille, entre le bois, à gauche, et les jardins du village, à droite.

En cherchant soigneusement sur le bord du bois, dans les buissons, je retrouvai mon sac, couvert de rosée. Il aurait été difficile que, dans l’obscurité, les Prussiens pussent le rencontrer.

Je revins donc à la maison. Après une lecture attentive de mes divers papiers, l’officier me laissa libre, en m’engageant à m’éloigner de Metz, « où, me dit-il, j’éprouverais de grandes difficultés et je pourrais être arrêté, malgré mes papiers, comme espion, dans les avant-postes. »


VII

Je pouvais à peine me tenir sur mes jambes, car la longue route de la veille m’avait extrêmement fatigué, et j’avais les pieds ensanglantés.

Malgré cela, je poursuivis mon chemin, et après une heure de marche, j’arrivai sur la crête des collines qui ferment, à droite, la vallée de la Seille.

De là, quel spectacle imposant et magnifique vint s’offrir à mes regards ! Une grande plaine s’étendait devant moi, bornée à l’horizon, de tous côtés, par des montagnes. Au fond, une côte élevée détachait sa masse noire et sombre du reste de la chaîne. Sur le sommet, aux premiers rayons du soleil, resplendissaient les murailles blanches et hautes d’un fort : c’étaient la côte et le fort St-Quentin.

Plus loin, encore un autre fort presque invisible dans le brouillard bleu ! Devant moi, une masse de pierres, imposante, lourde, c’était le fort de Queuleu.

Dans le bas de la vallée, entourée de cette ligne formidable, la vieille ville de Metz, avec son antique