la forme de la timbale, nul n’y songeait. Comprenez donc, la timbale avait toujours existé telle qu elle était ; il fallait se résigner, et on s’était résigné jusqu’à ce que Sax, un homme qui ne respecte pas positivement une chose parce qu elle est vieille, s’aperçut un beau jour que la timbale pouvait parfaitement exister sans le chaudron, bien plus même, que le chaudron n’était qu’un accessoire nuisible, parce qu’il rendait le son confus.
Et le voilà qui se met à faire d’excellentes timbales, sans chaudron, plus faciles à fabriquer, beaucoup moins chères, solides, légères et permettant la superposition de tout un jeu de cet instrument.
I1 y avait jadis une clarinette basse si défectueuse qu’on avait été forcé de l’abandonner à peu près complètement ; « il a suffi à Sax d’ouvrir un petit trou, grand comme la tête d’une épingle, à un certain endroit qu’il fallait trouver, pour faire parler admirablement le haut de l’instrument, devenu aujourd’hui le mentor de nos orchestres. »
Et voilà tout ! l’histoire de l’œuf de Colomb ! éternel symbole !
Qu’est-ce donc que la première idée d’une invention ? Qui peut suivre sa trace sur cette pâte molle que l’on appelle le cerveau humain ? Elle naît, rayon lumineux ; elle traverse l’obscurité, perce les ténèbres sans qu’on sache sa généalogie, sans qu’on puisse expliquer les gradations par lesquelles elle a passé pour arriver à se formuler complète, vive et claire. Hier, nul ne la voyait, entourée de ténèbres qu’elle était ; elle n’était accessible à aucun œil, et aujourd’hui la voici qui illumine tout un monde nouveau.
Que conclure ? que conclure ?
— Vous dites vous-mêmes, me dira-t-on, que l’invention n’est qu’une affaire de tradition et de hasard ; qu’il est impossible de déterminer précisément dans quel cerveau naquit la première idée, quelles phases elle a suivies depuis, par quelles filières elle a passé, avant d’apparaître au