c’est Colomb qui parcourt pendant 40 ans les mers, va de Venise en Portugal, de Portugal en Espagne plaidant sa cause devant tous ; c’est Kepler, c’est Tycho-Brahé errant en Allemagne ; c’est Papin exilé de France à cause de sa foi, se réfugiant en Angleterre, puis en Allemagne et revenant mourir dans la misère à Londres : c’est Fulton venant d’Amérique en Angleterre, d’Angleterre en France et retournant dans sa patrie ; c’est Fairnbnirn parcourant toute l’Angleterre avant de s’arrêter ; c’est Brunei qui, destiné à l’état ecclésiastique, part à 17 ans comme volontaire sur une corvette, visite l'Amérique et revient en Angleterre.
C’est Senefelder courant l’Allemagne comme auteur, comme acteur et venant enfin inventer la lithographie à Vienne ; e’est Erikson, abandonné en Suède, apportant ses locomotives et ses bateaux à hélice à l’Angleterre, et, s’y voyant repoussé, va construire aux Etats-Unis son terrible Monitor.
Ce besoin de mouvement, de nouveauté, est dans leur sang : ils errent parce qu’ils ne trouvent pas d’asile ; mais ils errent aussi par passion, par goût, ils ne peuvent pat rester en place ; Paracelse est un voyageur infatigable ; Montgolfier se sauve du collège à l’âge de 13 ans et va vivre en ermite sur les bords de la Méditerranée ; Kennedy parcourt toute l’Angleterre avant de s’établir. Esprits indépendants, altérés d’air, ayant besoin d’espace, eux qui aspirent sans cesse l’avenir, ils ne peuvent rester enfermés ! Ah ! s’ils se tenaient tranquilles ! Ah ! s’ils étaient bons pères de famille, bons époux. Ah ! s’ils faisaient deux parts de leur vie, l’une consacrée à la satisfaction des besoins matériels, au gain nécessaire pour entretenir leur existence et l’autre à la réalisation de leur œuvre, comme ils sont en général gens adroits et intelligents, ils pourraient vivre heureux. Les bonnes gens qui raisonnent ainsi ! gens calmes, gens tranquilles, qui rangent notre vie en partie double !