Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’idée lumineuse, l’idée d’avenir et la réalité sombre ; entre l’idéal qu’il rêve et le morceau de pain que lui demandent ses enfants !

Quelle lutte ! Où est le devoir ? quel chemin suivre ? Quelle situation ! quelles pressions exercent sur un homme ces divers sentiments ! comme elles écrasent, comme elles courbent son corps ! comme les soucis qu’elles allument rident son front, font blanchir ses cheveux !

Ah ! quand donc la femme comprendra-t-elle son rôle d’ange gardien ? quand donc sera-t-elle muse ? quand donc servira-t-elle de divinité inspiratrice et consolatrice au génie ?

Quand ? le jour où son éducation sera changée ; le jour, où au lieu de chercher par tous les moyens possibles à l’empêcher d’apprendre, sous prétexte de morale, on la livrera à elle-même ; où, au lieu de la forcer à rester la femme du XVIIe siècle, on en fera la femme du XIXe siècle ; le jour où on renoncera aux idées du bonhomme Chrysale pour l’émanciper ; le jour où le père dira : J’aime mieux que ma fille soit Aspasie que Mlle Prud’homme.

Jusqu’à ce moment, et je crois malheureusement que nous en sommes loin, nous pourrons admettre que les femmes auront toujours de la prédilection pour les sots, comme le dit irrévérencieusement un petit traité paru dans le XVIIIe siècle, sur l’amour des femmes pour les sots ; jusqu’à ce moment sera vraie la maxime de Chamfort que «les femmes sont faites pour commercer avec nos faiblesses, nos folies, mais non avec notre raison » ; jusqu’à ce moment Balzac pourra dire : « Avez-vous remarqué que les femmes n’aiment en général que les imbéciles ? »

Et comment, en serait-il autrement ? La femme ne sait rien, ne comprend rien, est étrangère à tout ce qui occupe l’homme. La société pour elle est une énigme qu’elle ne cherche même pas à déchiffrer. La politique est un grimoire qu’elle ne peut épeler ; toutes les grandes questions vitales