Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/155

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Voilà le rôle de la femme : — encourager, consoler, soutenir son mari dans les diverses épreuves qu’il a à subir, dans les travaux qu’il poursuit ; — élever dignement ses enfants comme Cornélie élevait les Gracques.

Alors on ne verra plus la femme être sans cesse en lutte contre l’homme et être un nouveau souci joint à ses autres soucis.

Je connais six inventeurs qui sont en possession de femmes. Les malheureux I vous ne vous figurez pas quels tourments ils éprouvent. Il ne reçoivent pas une lettre que leur femme ne jette sur eux un regard soupçonneux ; ils ne reçoivent pas une visite, sans que leur femme leur fasse une scène quand l’étranger est parti. Défense à eux de sortir. S’ils veulent aller où leurs travaux les appellent, ils doivent se sauver furtivement.

Ces hommes sont, ils est vrai, dans l’industrie. C’est ce qui rend leur position si pénible. La femme ici est non-seulement ennemie du progrès par principe, elle l’est encore par intérêt. Elle a apporté en effet un certain capital à son mari en se mariant avec lui. Elle s’occupe de ses affaires. Elle est non-seulement sa femme, mais encore son associée ; et alors elle regarde avec épouvante tous les projets qui pourraient compromettre leur sécurité commerciale. Son mari lui dira en vain qu’il y a une fortune à gagner avec son invention, elle n’y croira pas ; elle ne voit que le présent qui est sûr et solide, parce qu’elle est ignorante ; elle ne peut pas comprendre ses plans, et par conséquent, comme elle ne voit que des épures, des dessins, des calculs qui ne lui représentent rien de sensible, comme la réalisation de ces plans coûtera de l’argent et du temps, elle ne veut rien risquer. Elle n’a pas de confiance dans le génie de son mari.

Bizarre chose que la femme ne croit pas dans la force de l’homme qu’elle aime ; qu’elle doute sans cesse de sa puissance.