Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/175

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de nous éclairer avec du gaz : on le traite de fou et on le laisse se ruiner tranquillement. Il faut que Windsor nous rapporte cette invention. Le métier à bas est tout d’abord inventé à Nîmes d’où il va en Angleterre. La teinture du coton en rouge, un nouveau métier à gaz ont pris successivement le même chemin. Nicolas Briot invente un balancier pour frapper les monnaies ; il passe aussi la Manche d’où il revient en France, non sans peine, par la protection du chancelier Séguier.

« La plupart des inventeurs français sont morts dans la misère, ou ils n ont trouvé à appliquer leurs idées que sur le sol étranger, » dit Arago.

Et cependant l’Angleterre est bien loin d’adopter facilement aussi, elle, une nouvelle invention. Seulement nous sommes aveugles et elle n’est que borgne. Mais elle rejette le bateau de Fulton, celui d’Erickson ; elle a aussi, elle, son bon petit contingent de négations ; et je ne la ménage pas dans d’autres chapitres. Je ne cite ici que ce fait :

M. Medhurst, ingénieur danois, propose d’utiliser la pression de l’air pour le transport des lettres et marchandises. Le public ne s’y intéresse nullement. Brochures, plans, modèles furent dédaignés. Quelques années après un M. Vallance prend un brevet pour cette même invention : il n’a pas plus de succès. M. Medhurst reprend ses projets et propose un système entièrement nouveau. En 1838 MM. Glegg et Samuda, constructeurs anglais, le perfectionnent. Ils font leurs premiers essais en France, à Chaillot et au Havre. Inutile de dire qu’ils n’obtinrent aucun succès : tous les hommes pratiques s’en moquèrent. Cependant, comme ils avaient réussi, ils établirent en grand leur appareil à la porte même de leurs ateliers. Qu’importe ? Des hommes sérieux, des hommes d’un grand nom, que j’aimerais assez a pouvoir citer, s’en moquèrent, haussèrent les épaules, traitèrent le projet de fantaisiste, et il fut