Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/195

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passé par les mêmes épreuves, il les lui font subir à son tour. C’est à qui brillera à ses dépens. Le bachelier, c’est l’âne de la fable ! Malheur à lui s’il perd un moment la tête, s’il se laisse emporter ou abattre ! 11 doit faire face à tout, il faut qu’il n’oublie rien, ne hasarde rien. Une omission, et dix adversaires vont la relever ; un mol imprudent, et aussitôt ils vont le retourner contre lui.

Pour comble de dérision le candidat doit fournir à ses ennemis les moyens de réparer leurs forces. Dans une salle attenant à la salle d’examens, on leur sert à ses frais du vin et des rafraîchissements. Là, ils peuvent aller chercher de nouveaux arguments ou de nouveaux traits d’esprit au fond du verre. Ils peuvent rafraîchir leur gosier desséché par le feu de la dispute, — le candidat seul ne doit puiser ses forces qu’en lui-même.

A quoi bon cette citation et quel rapport peut-il y avoir entre ce pauvre hère et l’inventeur qui se présente devant l’Académie. Le rapport ? Il est bien simple à établir. L’inventeur n’a non plus à faire devant l’Académie qu’à des ennemis prévenus contre son œuvre, antipathiques à son invention.

Certes, je ne saurais médire de chacun des membres de l’Académie pris en particulier, mais que de choses à dire sur l’Académie considérée dans son ensemble ?

Je hais le sexe en gros, je l’adore en détail. L’Académie ressemble à tout collège, à toute congrégation. Un homme qui, en dehors de son enceinte, conserve sa verve, son originalité, sa personnalité, devient académicien des qu’il s’asseoit dans son fauteuil ; et l’académicien, envisagé ainsi, est un assez laid personnage ; une sorte de Sganarelle ou de Joseph Prud’homme, craignant toute grande chose, tremblant devant toute révolution, n’ayant qu’un amour, celui du repos. Bien convaincu que son fauteuil lui a été donné pour se délasser de ses fatigues, il est ennemi de toute nouveauté qui peut troubler ses loisirs. Avant tout, une séance