Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/229

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ébranlée finit par mettre au concours cette question : « Essayer des expériences bien faites pour jeter un jour nouveau sur la génération spontanée.» Que ne commençait-elle par là ? Mais son premier mouvement l’emporta : il est toujours le même : « Chassez le naturel, il revient au galop. » M. Pouchet publie au bout de cinq mois un grand ouvrage intitulé : Hétérogénie ou génération spontanée basée sur de nouvelles expériences. Que fait l’Académie ? Elle n’en dit mot. Toutes les expériences qu’elle avait invoquées étaient victorieusement réfutées. Son embarras explique donc facilement son silence. Heureusement qu’arrive M. Pasteur. C’est un auxiliaire pour combattre les nouvelles doctrines, et le docte corps, pour le récompenser du secours qu’il lui donne, s’empresse de se l’adjoindre et de lui décerner le prix qu’elle avait proposé sur la génération spontanée.

Voilà un fait qui montre assez bien l’esprit de routine et d’aversion qu’ont les corps savants pour le progrès. Ce n’est que le commencement. Voulez -vous des exemples de négations ? Consultez l’histoire des inventions ; vous n’avez qu’à vous baisser et à en prendre.

A-t-on nié et a-t-on nié le pouvoir de la vapeur ! Que n’a-t-on pas dit contre elle et contre ceux qui s’en occupaient !

Un régent de collège traitait Papin de hâbleur et d’aventurier, et la preuve, disait le bon régent de collège, qu’il n’est que cela et pas autre chose, « c’est qu’il prétend naviguer avec un vaisseau sans voiles ni rames, et pourvu seulement de roues, et encore sur la haute mer. »

Un régent est un embryon de savant : au tour des savants faits.

On ne trouve pas le nom de Papin mentionné une seule fois dans le recueil des Mémoires de l’Académie des sciences. Il est vrai qu’il était protestant, et que sous Louis XIV les protestants n’étaient pas en odeur de sainteté, et que les