Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/231

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livra à des séries de calcul, et écrivit un livre pour prouver « qu’essayer de traverser l’Atlantique avec des bateaux à vapeur, c’était prétendre aller dans la lune. »

Quelque temps après le Great Western traversait l’Océan en quinze jours et le Sirius faisait le même trajet en dix-huit jours.

Autres négations : en voici une faite par les officiers de marine, corps scientifique et constitué et rétif. Jusqu’en 1852, ils accusaient de chasser des fantômes ceux qui cherchaient à animer les bateaux d’une force en quelque sorte personnelle de redressement, de self-return.

Ils pouvaient voir tous les jours un jouet de saltimbanque, le tumbler, se relever obstinément dans quelque position qu’on le plaçât. Mais c’était trop simple, il fallait bien mieux déclarer que ce qui se faisait tous les jours était impossible ; le système qu’on voulait appliquer aux bateaux était aussi, lui, sans doute trop simple, c’est pour ce motif qu’on ne le voyait pas.

Les officiers prétendaient aussi que les navires cuirassés n’avaient pas de hauteur de batteries suffisante ; la moindre agitation de la mer devait éteindre leur feu ; les poids énormes qu’ils portaient sur leurs flancs devaient les faire rouler considérablement ; ils devaient gouverner mal à cause de leur longueur ; ils ne devaient pas pouvoir s’élever à la lame ; le poids de leur coque, l’action réciproque du fer et du bois, les courants galvaniques qui devaient s’établir entre le fer des plaques et le cuivre du doublage devaient les user rapidement.

Que d’accusations ! Non-seulement l’expérience les a facilement réduites à néant, mais encore elle a donné un résultat que n’attendaient pas les plus chauds partisans de ces navires. On n’avait jamais osé espérer qu’ils fussent bons voiliers ; et quand on a essayé de les faire naviguer sous voile, sans l’aide de leurs machines, quand on leur a fait exécuter les manœuvres les plus difficiles, et de jour et