Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/245

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A un autre : le docteur Guyard raconte cette anecdote :

« Une dame de nos amies disait un jour à son médecin :

« — Dites-moi donc un peu, docteur, par quel secret vous autres, médecins, vous n’êtes jamais malades.

« — C’est, répondit le naïf docteur, parce que nous dînons confortablement du produit de nos ordonnances, sans jamais rien prendre des drogues que nous ordonnons. »

Boërhaave dit : « Si l’on vient à peser le bien qu’a procuré une poignée de vrais fils d’Esculape, et le mal que l’immense quantité de médecins a fait au genre humain, depuis l’origine de l’art jusqu’à ce jour, on pensera sans doute qu’il serait plus avantageux qu’il n’y eût jamais eu de médecins dans le monde. »

Continuons : c’est Stahl qui parle :

« Je voudrais qu’une main hardie entreprît de nettoyer cette étable d’Augias. J’ose pénétrer dans cette science peuplée d’erreurs, où la langue est aussi défectueuse que la pensée, où tout est à refondre, les principes et la matière. »

Young disait que la médecine était une loterie ; d’après lui le docteur RadcUffe n’avait acquis sa réputation et n’avait obtenu ses succès qu’en administrant des remèdes à contre-temps.

Le docteur Brown reconnut que les fièvres abandonnées a leur cours naturel n’étaient ni plus longues ni plus graves que lorsqu’on les coupait par les meilleures méthodes.

Frappart s’écriait douloureusement : « Médecine, pauvre science ! Médecins, pauvres savants ! Malades, pauvres victimes ! »

Guy-Patin, ce féroce médecin, appelait aussi la médecine l’art de deviner ; Barthez n’y croyait pas ; Broussais se posait cette question : « La médecine a-t-elle été plus nuisible qu’utile à la société ? » Corvisart a lancé cette boutade contre elle : « Bah ! elle ne sert à rien ; » Foda lui a donné un rôle consolateur : « Si elle ne fait aucun bien, elle soulage