Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/247

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choses, il y a quelques années. Est-ce que ces épithètes ne valent pas bien les traîtres, fils de traîtres, hérétiques, sacrilèges, que se lançaient à la face les bons médecins du XVIIe siècle ? Décidément la médecine vieillit, mais le médecin ne change pas.

Et ce sont ces Messieurs, qui ne sont pas plus sûrs de leur science, qui viennent invoquer l'ordre logique des choses, et, au nom de la théorie, interrompre les expériences de M. Vriés. Messieurs, un peu de modestie ; et pour essayer de vous guérir du péché d’orgueil, permettez-moi de vous raconter cette petite anecdote :

Les membres de la Société royale de Londres, sous l’influence de Berkeley, ne voyaient que l’eau de goudron et croyaient que tout lui était possible. Un jour, un médecin de province leur adresse une lettre dans laquelle il leur annonce qu’un matelot, tombé du grand mât de son navire, s’était cassé la jambe en mille morceaux, mais qu’en rapprochant les parties fracturées, en liant et en versant sur le tout de l’eau de goudron chaude et épaisse, on avait raccommodé parfaitement la fracture.

Là-dessus, grande discussion : mais l’eau de goudron avait tant de puissance !

Huit jours se passent : le doute chez les uns, la foi chez les autres ; enfin une lettre arrive dans laquelle le médecin provincial s’excusait fort d’avoir omis un tout petit détail : la jambe du matelot était une jambe de bois.

C’était Hill, qui, par vengeance, avait fait cette mystification au savant corps.

Votre doctrine n’est pas immuable, ce qu’elle devrait être si elle était infaillible. Tour à tour vous rejetez un remède que vous adoptez le lendemain. Vous êtes comme les jolies femmes : aujourd’hui les nez en trompette, demain les nez droits : hier les tailles courtes, dans huit jours les tailles longues ; c’est la mode. Hâtez -vous tant qu’il guérit, disait Mme de Séviyné eu parlant du café. L’huile de co-