Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des malades ? Ne les guérissent-ils pas tous au contraire ? Ils ne doivent jamais avoir tort, pas plus que les autres académiciens. L’Académie n’est-elle pas un clergé, et un clergé ne désavoue jamais un de ses membres ; un curé fait une sottise dans sa paroisse, l’évêque le gronde, et l’envoie dans un autre endroit, le plus souvent avec avancement, afin de prouver au public qu’il avait raison. Un ingénieur construit le pont des Invalides, le pont s’écroule, l’ingénieur est appelé au conseil général des ponts et chaussées. Tous sont prêts à agir envers lui comme les Romains à l’égard de Varron ; à le remercier de sa défaite.

Il le faut bien : que deviendrait la science, s’ils ne se soutenaient réciproquement ? Aussi croyez-le bien, leur plus grand désir, nous l’avons déjà vu, serait de laver leur linge sale en famille. Que la publicité est chose ennuyeuse quand elle vient révéler des aventures comme celle arrivée à M. Desnoyers, commenter le rapport de M. Velpeau, montrer M. Le Verrier et Delaunay se traitant réciproquement d’ânes, et M. A. Pontécoulant accusant ce dernier de déloyauté et de plagiat, et faire assister les profanes aux discussions qui s’élèvent dans le sein de la docte assemblée. Dans toute discussion, évidemment, il y a un des adversaires qui fait erreur, à moins qu’ils ne se trompent tous les deux à la fois, ce qui arrive encore assez souvent. Toute discussion prouve donc une chose à coup sûr, c’est la faillibilité des académiciens, chose que le public devait ignorer : malheureusement, il le sait toujours tôt ou tard, et il apprend à donner à leurs négations leur juste valeur, ce qui n’empêche pas messieurs les académiciens de continuer à nier avec acharnement toutes les choses nouvelles en vertu des lois préexistantes.

Le courageux directeur du Musée de l’Industrie belge, feu Jobard, est l’inventeur du gaz à éclairage extrait de l’eau. En 1833, en ayant fait part à M. Thénard, il reçut pour réponse : « Cela n’est pas vrai , car cela n’est pas