Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/278

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de vue et que ce qui est concluant pour l’un ne l’est pas pour l’autre.

Vous le voyez : il ne suffit pas qu’une expérience soit insuffisante pour que vous la condamniez avec raison ; vous ne pouvez exiger, et malheureusement c’est ce que vous faites, que du premier coup on arrive à la perfection ; la moindre erreur de détail peut compromettre tout succès ; et le lendemain, quand elle sera corrigée, l’épreuve peut être victorieuse.

Bien plus : on peut aller jusqu’à dire : l’insuccès d’une expérience, insuccès complet, absolu, ne peut pas prouver à priori contre elle.

Mais en France nous allons plus vite.

Une expérience mal faite, et voilà une chose jugée. Basile Valentin isole un métal. Il a l’idée de l’appliquer à l’art de guérir. Il en fait prendre à des porcs ; les porcs engraissent à vue d’œil, et se trouvent fort bien de ce régime. Encouragé par ce succès, il eu fait prendre à des moines. Les moines s’en trouvent fort mal. Donc le remède est fait pour les porcs, non pour les moines, et Valentin baptise son métal du nom d’antimoine.

Windsor, persévérant, remuant, convaincu, obtient en Angleterre un capital de 1,250,000 fr. pour appliquer le gaz à éclairage. Il le dépense tout entier dans des expériences. En France, il eût été perdu : on l’eût traité de voleur ; on l’eût mis à Clichy ; en Angleterre on lui confie de de nouveau 480,000 fr. Il en a été de même pour le câble transatlantique ? Après quatre échecs successifs, eussent été bien fous ceux qui eussent tenté une cinquième épreuve !

Mais si les spéculateurs anglais ont cette audace, les savants de cette nation ressemblent aux autres, et quand ils n’ont pu résoudre un problème, ils le déclarent insoluble. — Humphry Davy et Welgewood avaient fait mille essais infructueux de photographie , puis les avaient abandonnes en déclarant toute tentative de ce genre inutile. Un savant,