Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/299

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de répéter. Vous voulez faire une œuvre indépendante ! Proclamez tout d’abord votre indépendance et dégagez-vous de ce honteux servilisme. Ne vous inquiétez pas des hommes, inquiétez-vous des choses ; n’attachez pas votre fortune à un nom, attachez-la à vos œuvres. Toute société qui se fonde est grosse de son avenir ; d’elle dépend son succès : qu’elle soit sérieuse et intéressante ; que réellement elle soit à la hauteur du progrès scientifique ; qu elle l’accélère, et elle réussira en dépit des entraves et des mauvais vouloirs. Quand donc nous déshabituerons-nous du respect de l’autorité ? Ne cherchons pas de centralisation, c’est elle qui l’amène ; je ne suis pas partisan de l’unité que les chimistes, dans le congrès de Garlsruhe, voulaient donner à la science ; je crois que M. Vict. Meunier, dans son projet d’association scientifique, veut aussi trop unifier et uniformiser ; j’adresse le même reproche au projet d’Institut de Progrès social de M. Ch. Duveyrier. Que chaque branche des connaissances crée son centre à elle ; qu’elle réunisse dans un groupe tous ses travailleurs ; qu’elle ait son journal pour disséminer partout leurs travaux ; qu’elle ait même ses concours ; cela suffit. Ce qu’il faut surtout, c’est que rien ne se perde. Diderot voulait qu’une académie des arts mécaniques se fondât et publiât cinquante volumes in-4 résumant toutes les observations réunies jusqu’à ce jour et tenant compte de toutes celles qui se produiraient. Il était dans le vrai : mais au lieu d’une académie unique qu’il y en ait plusieurs ; si je veux savoir dans quel état se trouve l’anthropologie, je consulte les bulletins de la société qui s’occupe de cette science ; si je veux connaître le passé et l’avenir de la locomotion aérienne, je consulte l’Aéronaute, etc. Si j’ai quelque fait nouveau à apporter, c’est à ces centres divers que je m’adresse. Ce seront eux qui me donneront de véritables encouragements et de véritables moyens de poursuivre mon œuvre.

Dans beaucoup de provinces se sont fondées des sociétés