Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nouvelle vie ? Cet homme n’a-t-il pas couru des risques dans cette entreprise ? Est-il juste qu’il les supporte seul, tandis que le bénéfice de ce procédé appartiendra à tous ?

« Qu’importe que la description en soit ancienne ou ait été livrée au public hors de notre territoire ! continue le rapport ; elle n’en est pas moins tombée dans ce vaste et commun réservoir qu’on nomme le domaine public. »

La mer aussi est un vaste et commun réservoir ; mais si j’y pèche un poisson, ce poisson m’appartiendra.

La commission témoigne ensuite la crainte qu’une foule de gens, sans aucun mérite personnel, s’approprient les découvertes des savants et les fassent breveter.

Ce qui lui fait peur m’encourage au contraire. Ou le savant est inventeur, ou il ne fait que pondre un œuf. Mais cet œuf il faut le féconder et le couver : là est le difficile.

Un savant découvre une nouvelle propriété d’un corps quelconque.

Que fera-t-on de cette propriété ? Comment l’utilisera-t-on au profit de l’humanité ? Là est le rôle de l’industriel, de l’homme pratique ; là aussi commencent des difficultés immenses et qui souvent sont insurmontables. Il y a bien de la distance entre la réalisation de l’idée et la conception de l’idée. Combien j’ai vu de gens qui vous apportent un projet quelconque, à moitié fait ! Si on leur demande et ceci ? et cela ?

— Oh ! vous arrangerez cela, disent-ils.

Il n’est pas si facile que se l’imaginent ces gens d’arranger cela. La réalisation d’une idée n’est pas rien, quoi que puissent en dire les spiritualistes ; et s’ils soutiennent que celui qui la réalise est sans mérite personnel, ils déclarent que Watt, Stephenson, Morse, sont des crétins.

Mais c’est en vain que la loi essaye d’échapper à la vérité et de s’égarer dans des nuages spiritualistes ; elle est forcée de revenir au vrai sens que doit avoir le brevet, en déclarant nul celui qui ne porte que sur des principes, méthodes