Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/33

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la perfection du travail. On ne peut souvent exécuter l’ouvrage le plus simple sans recourir à plusieurs ouvriers de communautés différentes, sans essuyer les lenteurs, les infidélités, les exactions que nécessitent et favorisent les prétentions de ces différentes communautés et des caprices de leur régime arbitraire et intéressé. »

Dans le préambule de l'édit, Turgot se trompait en attribuant le mal à la faculté même de l’association, et en ne trouvant d’autre remède pour affranchir le travail que d’étouffer cette liberté.

Non, ce n’était pas cette liberté qui était la cause du mal : c’étaient les privilèges attachés à ces corporations, c’étaient les pouvoirs abusifs qui leur étaient donnés.

A côté de cette erreur, il affirmait une idée véritablement révolutionnaire ; il arrachait un des fleurons de la couronne royale pour le rendre au peuple, en condamnant la prérogative que s’arrogeait la monarchie sur le travail.

« Nous nous hâtons, dit-il, de rejeter une pareille maxime. Dieu, en donnant à l’homme des besoins, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler la propriété de tous, et la première, la plus sacrée, la plus imprescriptible de toutes. »

Mais un simple édit ne pouvait changer toute l’ancienne organisation industrielle, qui était liée à tous les vices de la société de l’époque.

Il fallait, pour proclamer un principe nouveau, que ces vices fussent expurgés.

Pour aplanir les montagnes, il faut la poudre : pour briser un ordre social, il faut des révolutions ; les entraves ne devaient être brisées qu’avec le trône ; cette liberté,