Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/346

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Je l’admets, soit, je ne vous chicanerai pas sur si peu de chose ; je passe outre et je vous dis à mon tour que la reconnaissance de la propriété industrielle n’empêchera pas le moins du monde les hommes ayant des perfectionnements étrangers à apporter à une invention, de les exploiter et d’en profiter.

Nul ne peut, en effet, empêcher de perfectionner sa découverte ; vous ne voulez pas conclure un traité avec moi, très-bien, fabriquez vos machines ; je vous les achèterai et j’y appliquerai mon perfectionnement ; bien plus même, je vous achète simplement le droit de faire votre machine, le même prix que si vous me la vendiez toute faite ; vous avez trop d avantage pour que vous puissiez refuser ce marché, et moi je la construis comme je l’entends. C’est ce dernier moyen que les compagnies de chemins de fer emploient pour se servir de l’injecteur Giffard.

Ceci n’est donc pas une difficulté. Je n’admets pas qu’il puisse être interdit à tout homme étranger à l’invention d’y apporter des perfectionnements ; ce serait arrêter tout progrès. Évidemment il y a une certaine différence entre la première locomotive Stephenson et les locomotives Crampton et Erikson. De plus, sans aller plus loin, de tout petits perfectionnements à peine visibles sont parfois fort importants ; j en citerai un exemple emprunté au métier de vitrier. Au commencement de ce siècle encore, le diamant dont on se sert pour couper le verre était placé dans un petit cercle conique en fer. Un ouvrier ne parvenait à être sûr de son trait, avec cet instrument, qu’environ au bout de sept ans de pratique, et après avoir perdu quantité de verre. « Ceci tenait à la difficulté de trouver l’angle précis sous lequel le diamant coupe et de le guider sur le verre suivant l’inclinaison convenable, une fois cet angle trouvé.» Maintenant il n’en est plus ainsi : « le diamant est fixé dans une petite pièce carrée de cuivre, une de ses arêtes étant à peu près parallèle à l’un des côtés du carré. Un ou-