Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/348

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nopole, ô législateurs timorés ; comme vous vous en faites un monstre devant lequel vous reculez avec épouvante ; comme vous le regardez comme une sorte de boite de Pandore d’où doivent sortir tous les maux, vous le combattez en maintenant, contre toute justice et toute rai-on, ce fatal terme de quinze ans ; vous vous en tenez à cette limite imposée par la déclaration du roi de 1762, et en un siècle vous n’avez pus encore osé la doubler.

Chose étrange même et qui prouve la difficulté avec laquelle une vérité pénètre dans le monde, des hommes comme MM. Breulier et Desnos-Gardissal, qui revendiquent le droit de propriété pour l’inventeur, n’admettent pas qu’on lui délivre un titre perpétuel ; ils trouvent qu’une pareille prétention serait excessive et déraisonnable , quelle mène à l impossible, et cependant, illogisme ! ils admettent cette perpétuité pour la propriété littéraire et artistique. Nous qui aimons les principes tranchés, nous soutenons au contraire la pérennité de la propriété industrielle. Doubler ce terme de quinze ans, ce serait encore prendre une mesure fausse, transitoire, et tout ce qui est transitoire passe, le nom l’indique. Mais revenons à ce terme de quinze ans fixé par les législateurs à la durée du brevet. Qu’en résulte-t-il ? C’est que plus l’invention est grande, plus les maux de l’inventeur sont grands !

Quinze ans, savez-vous ce que c’est pour le progrès d’une idée, vous qui avez dit à l’homme : Tu dois créer et exploiter en ce temps une œuvre que, jusqu’à ce jour, après des millions d’années, nul n’avait encore créée ? Et vous voulez, vous, exiger que cet homme puisse enfanter sa découverte et l’exploiter dans ce laps de temps !

Répondez si vous le pouvez aux questions que vous adresse M. 0. Comettant :

« Dites-moi, combien, quinze ans après l’invention de Philippe de Girard, nous avions d’usines à lin ? combien nous avions de chaudières tubulaires après quinze ans de