Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/35

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pour servir de frein à la rapidité mal entendue et pour assurer la confiance publique, ces institutions ne devaient pas s’étendre jusqu’au point de circonscrire l’imagination et le génie d’un homme industrieux, et encore moins jusqu’à résister à la succession des modes et à la diversité des goûts. »

On le voit, cela ne suffit pas : on veut bien donner un peu de liberté, mais le règlement reste toujours utile ; les lettres patentes ne sont donc qu’une sorte de compromis, non la proclamation d’un droit.

Les déclarations de principes n’appartiennent qu’aux violentes commotions sociales : il faut qu’elles jaillissent de ces volcans comme la lave incandescente, brûlant et détruisant tout ce qu’elle touche, se figeant ensuite et devenant rocher.

Et il faut que ce soit une commotion immense, ébranlant tout un monde. L’avénement des États-Unis à l’indépendance ne fut même pas assez fort pour transformer les principes qui régissaient l’industrie. Ce peuple, jeune et remueur d’idées, toucha bien à ce sujet. Il plaça dans sa Constitution, parmi les matières s’appliquant à tous les états, cette déclaration concernant les droits des inventeurs : « Afin d’exciter les progrès des arts et des sciences utiles, est assuré, pour des espaces de temps limités, aux auteurs et aux inventeurs, un droit exclusif sur leurs écrits et sur leurs œuvres. »

C’était bien : la tendance était bonne, c’était un témoignage de sympathie pour les travailleurs ; mais ce n’était pas non plus une déclaration formelle ; on assurait un droit, on ne le proclamait pas.