Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/350

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corriger la loi. Toujours : similia similibus ! guérir vice par vice, injustice par injustice.

Ce qu’il y a d’atroce dans le terme de quinze ans que vous assignez au brevet, c’est que non-seulement l’inventeur n’a pas le temps d’exploiter son invention de manière à rembourser ses peines et ses dépenses, mais c’est qu’encore ce terme l’empoche de trouver les capitaux nécessaires pour exploiter son invention. Qui ira risquer son argent dans une entreprise aussi hasardeuse que toutes celles de ce genre, quand, à peine installé, la loi viendra le priver de son droit et le jeter en pâture à tous les vautours qui se le partageront ! Que de fabriques au bout de quinze ans n’ont pu encore parvenir à rembourser le capital qui a été dépensé pour leur installation ! Pourquoi a-t-on donné au propriétaire de la mine une concession perpétuelle ? C’est afin qu’il puisse trouver les capitaux nécessaires pour l’exploiter ! Et on veut que l’inventeur, venant apporter une chose nouvelle, inconnue, que l’on n’acceptera pas sans résistance; qui n’a pas de clientèle, qui peut-être n’en aura qu’au bout d’un très-long laps de temps, quand des expériences multipliées auront acquis une assez grande notoriété à son invention; qui doit tout créer, qui doit façonner des ouvriers, les former, leur donner l’habitude de ce nouveau genre de travail auquel il les soumet et devant lequel ils sont toujours rétifs; qui doit encore tâtonner et hésiter dans le choix des matériaux, dans leur mode d’emploi, etc., etc.. toutes choses que connaît parfaitement le moindre inventeur, mais que nos législateurs ne connaissent pas, parce qu’ils fréquentent plus les salons que les usines; — on veut, dis-je, que cet inventeur obtienne, dans cet espace de quinze ans, des bénéfices suffisants pour le récompenser de ses efforts et de son œuvre !

Aussi est-ce en vain qu’il cherche des capitaux; il se voit repoussé par tous ceux qui les possèdent, quoique trouvant peut-être son invention bonne et destinée à rapporter de